Ouvrir un beau livre, s’y plaire, s’y plonger, s’y perdre, y croire, quelle fête ! – Victor HUGO –
J’ai longtemps reporté la rencontre avec l’ouvrage qui est finalement devenu la lecture inspirante de ce mois. J’en avais entendu beaucoup de bien. Pourtant, le résumé me laissait dubitative. Que pouvait donc avoir de si intéressant, mystérieux et palpitant, la vie d’une gardienne de cimetière dans un trou perdu de Bourgogne ?
Mais le hasard (pour peu qu’il y en ait un) a bien fait les choses : à l’issue d’un petit concours pour Noël, j’ai profité d’un lot non réclamé – ce livre – pour enfin m’y attarder, en attendant que la gagnante se manifeste. Et une fois lu, j’ai espéré que cela n’arrive jamais, car, je pense sans exagérer que ce petit bijou fait partie du top 3 des lectures qui m’ont le plus marquée.
On y suit le parcours de Violette, garde-cimetière, après avoir été longtemps garde-barrière, la cinquantaine usée, en apparence. Mais les apparences sont trompeuses. Car la plus belle fleur du cimetière, c’est elle.
Violette s’est construit un microcosme, entre ses copains fossoyeurs, agents de pompes funèbres, le jeune curé du village, et ses animaux de tous poils.
Son mari, aussi beau qu’infidèle, a disparu du jour au lendemain. On comprend vite que ce fut un mal pour un bien. Mais Violette veut savoir. Quant à sa fille, Léonine, Léo, magicienne au long cours, un mystère plane autour d’elle, qu’on pressent comme un drame.
Violette, c’est le témoin discret mais omniprésent, du vaste théâtre que représente ce lieu de repos éternel : la mort et la vie s’y côtoient, la peine et la joie se mélangent, les secrets de famille éclatent, les amours cachées se dévoilent, les passions périmées, elles, s’envolent en poussière.
Violette, c’est un OVNI, le feu sous la glace, l’été sous l’hiver. Elle croque la vie comme un présent succulent, résolument tournée vers l’avenir, malgré les lourdes casseroles du passé. La volonté farouche de ne pas (ne plus) sombrer de cette petite bonne femme, pas spécialement éduquée, sublime un quotidien à priori banal en une vie carrément exceptionnelle.
En effet, Valérie PERRIN parvient, par la magie de sa plume, à donner une densité incroyable à un personnage à priori transparent.
On marche, sans jamais se fatiguer, dans les pas de Violette, tout à tour, jardinière, enquêtrice, épouse bafouée, femme amoureuse, mère « étripée », conteuse passionnée.
Violette, c’est nous toutes. Une héroïne du quotidien. Une femme.
Tout est beau dans ce livre. Même l’horreur y est belle. Tant elle est poétique. Tant l’espoir est lumineux.
Et puis, ça finit bien.
Et moi, les happy ends, j’aime ça ♥
« Changer l’eau des fleurs » de Valérie PERRIN – Editions Le Livre de Poche
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