Une de mes coachées me disait récemment : « Je n’aime pas l’automne ». Mon professionnalisme (ou bon sens) m’a stoppée net avant que je ne lui réponde « Moi non plus ! ». Mais, c’est un fait, je n’aime pas cette saison. En médecine chinoise, l’automne est symbolisé par le métal. L’émotion, c’est le chagrin ; l’art de vivre, la discrétion. On est un peu dans un « marasme ».
Ce n’est donc pas par hasard si j’anime des ateliers de remise en forme automnale : une foule de conseils que je m’applique à moi-même pour traverser au mieux cette transition entre l’été et l’hiver.
Je me suis aussi aperçue que cette période de l’année exacerbe un trait de ma personnalité dans je ne suis pas particulièrement fière : L’ENVIE. Je ne parle pas de jalousie, ou en tous cas, pas celle qui me ferait espionner mon homme ou farfouiller dans ses affaires. Non, L’ENVIE : celle que j’éprouve face aux personnes que je considère avoir une existence plus enviable que la mienne. Ceux qui « réussissent ». Même en automne.
L’ENVIE. Avec un sentiment d’injustice latent.
Dieu merci ! Je suis loin d’être la seule à me débattre avec ce sentiment. En effet, il est tout à fait à l’ordre du jour quand on voit les dissentions actuelles entre les secteurs empêchés de travailler, ceux qui y sont forcés, et ceux qui ont le choix, mais pas de clients…
J’ai récemment lu une publication selon laquelle quand on est serein, on n’a pas besoin d’aller voir dans l’assiette des autres. En tous cas, pas avec envie : on est juste heureux pour eux.
Or, pour l’instant, je ne me sens pas sereine. Et oui, ça arrive aussi aux coaches ! ? Mais, comme justement, je suis coach, j’ai la chance d’avoir une trousse à outils bien fournie, pour, simultanément, balayer cette envie pas très glorieuse, et retrouver la paix intérieure.
Et j’ai décidé de t’en faire profiter, à travers dix conseils futés:
- Le premier conseil que je souhaite te donner, c’est de mettre le doigt sur ta difficulté, la verbaliser, plutôt que de tout faire pour ne pas la voir. Logiquement, le changement n’est possible que quand on détecte (et accepte !) qu’il y a quelque chose à changer. J’entends certaines personnes de mon entourage, soit exprimer leur déception à mon égard, soit me dire « mais non, tu n’es pas comme cela ! »
- Et, justement, c’est mon deuxième conseil, et il est primordial, pour toi-même, mais aussi dans tes échanges avec les autres: accueillir les choses telles qu’elles sont. Comme je l’écrivais plus haut, je ne suis pas fière d’être envieuse, mais c’est un trait de ma personnalité au même titre que mon optimisme, mon dynamisme, ma vivacité d’esprit. Ce n’est donc pas une tare !
Tu as probablement déjà expérimenté la situation suivante :
Tu dis à une amie autour d’un verre que tu as pris du poids, et elle passe la demi-heure qui suit à te convaincre que non, ou, en tous cas, que tu es très bien comme cela. Tu coupes court à la discussion, avec le sentiment de ne pas avoir été comprise et encore plus convaincue que tu as pris du poids et que tu dois faire quelque chose pour perdre cet excédent pondéral. Ca sent le vécu, hein ??! ? En revanche, si ton amie reconnaît simplement un fait : tu as pris du poids et souhaite maigrir, tu te sentiras motivée à mettre des choses en place, voire à y réfléchir avec elle, puisque ton problème est reconnu, accueilli, et non pas nié.
A ce titre, la méthode de thérapie provocative (TEP) de Steve Wells est très intéressante. Cet expert en communication et accompagnement australien adhère à 100% à ce que lui disent ses patients. Si l’un d’entre eux lui dit « Je suis pathétique », il répond : « OK, dis-m’en plus à ce sujet » ou « oui, en effet, je vois ça ! ». Cela peut sembler très déstabilisant et même cruel, mais « en épuisant le filon », la discussion vire rapidement à l’absurde, avec pour réaction du patient : « Mais non, je ne suis quand même pas pathétique à ce point ! ». Il y a eu un déclic. Le vrai travail de transformation peut commencer…
Rq : Comme pour une prise de catch, cette méthode thérapeutique n’est pas à utiliser sans expertise. Mais, les résultats peuvent s’avérer bluffants … à condition de pratiquer en toute bienveillance et avec un cœur ouvert.
- J’en arrive à mon troisième conseil pour cesser d’être une vilaine envieuse? : Faire de ton mieux chaque jour, et lâcher prise sur le reste. En effet, si tu as le sentiment que tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour que ça marche, et que, malgré cela, ça ne fonctionne pas, c’est qu’il y a peut-être des choses qui se jouent en dehors de ton champ d’actions. Pester, pleurer, hurler, n’y changera rien ! Par contre, ouvre-toi aux avis autour de toi : il y a peut-être de chouettes pistes à explorer en attendant que la carotte pousse…
- Si tu as un sentiment d’échec récurrent, et l’amertume de l’envie plein la bouche, je t’invite à faire un bilan de ta vie réaliste et bienveillant. Concentre-toi sur tes succès (et le simple fait d’être née en est un, comme le chante si bien Jean-Jacques Goldmann dans « Bonne idée ») :
« Nous avons tous été vainqueurs, même le dernier des derniers, une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés »
Si tu as un Alzheimer sélectif, qui ne ramène à ta mémoire que tes cuisants échecs, fais appel à ceux qui t’entourent et te connaissent bien. Un fois ce bilan réalisé, tu peux l’encadrer et l’afficher pour ne plus jamais oublier (et si on te reproche de te la péter, réponds que c’est ton moindre défaut, et que tu en as plein d’autres en magasin ?)
- Dans le même ordre d’idées que le bilan, mais à une échelle réduite, n’hésite pas à remercier quotidiennement l’univers pour les chouettes choses vécues. Il existe plein de méthodes pour se faire : le carnet de gratitude, le pot dans lequel tu glisses chaque jour un papier avec un moment positif de la journée écoulée, et que tu vides à la fin de l’année pour réaliser comme celle-ci a été prolifique, les post-it sur le miroir, le top-dix avant de t’endormir, … Tu te dis peut-être que tu as vraiment une vie de m… et que jamais tu n’arriveras à trouver ne fut-ce qu’un moment positif par jour. Je t’invite alors, si tu as des enfants autour de toi, à observer ce qui les émerveille et fait leur journée. Pareil si tu as un animal de compagnie : Regarde comme il (leur) en faut peu pour être heureux…
- Je reçois parfois des clientes qui sont en boucle sur une problématique (souvent d’ordre relationnel). Après avoir expliqué que la Communication, c’est du 50/50, et que ce n’est ni en faisant du 25 ou du 75 qu’on arrive à faire changer l’autre, je cherche avec elles comment stopper ces ruminations mentales. Souvent, je leur demande si elles ont une passion. Certaines « n’aiment rien ». Alors, on creuse. Elles m’avouent leurs penchants affreux pour « Esprits Criminels », pour « l’Amour est dans le Pré », ou pour « Plus Belle la Vie ». Avec un dénominateur commun : le fait de ne plus penser à rien d’autre. Et c’est bien là, le but recherché ! Stop à la culpabilité ! Tant mieux si Noëlla se vide la tête en nageant 30 longueurs ! Super si Julie court quotidiennement pour évacuer ses tensions ! Mais si TOI, tu te régénères à coups de bluettes ou de films d’horreur, où est le problème ??! Récemment, mon compagnon s’est mis à faire des concours de coloriages avec mon fils. Ca les occupe des heures durant. Quand j’ai demandé à mon homme ce qu’il y trouvait, il m’a répondu d’un ton super zen « ça me vide la tête, t’as pas idée ! » Et toi, c’est quoi ta passion coupable pour cesser de ruminer et lorgner l’herbe de ton voisin ?
- Et justement, comment sais-tu que l’herbe de ton voisin est plus verte que la tienne, derrière sa haie de deux mètres de haut ? Via les réseaux sociaux, pardi ! J’en arrive ainsi à mon conseil n°7 : se déconnecter des réseaux sociaux. Et ce pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’avec cette pression sociale virtuelle à longueur de journée, tu en arrives vraiment à trouver que tu as une vie de m… comparée à celle de Louise, Jeanne ou Loubna, tellement remplie, tellement éblouissante… tellement enviable ! Mais comme le dit un autre monstre sacré de la chanson française, Michel Sardou dans « Non merci » :
On croit les gens heureux parce qu’on ne les connaît pas. On ne vit pas chez eux. Leurs blessures ne saignent pas. »
Ensuite, parce que si tu totalises le temps passé à scroller, liker, commenter, partager, poster, …, tu t’apercevras vite que c’est du temps que tu aurais pu consacrer à autre chose, mais aussi que c’est une source de stimulation continue qui t’empêche d’être pleinement à ce que tu fais, et, que cette personne que tu envies, là, celle « qui réussit », elle réussit peut-être entre autres, parce qu’elle est plus concentrée et que, par ricochet, elle optimise son temps et produit un travail d’une extrême qualité.
Rq: Je disais ci-avant de te tourner vers des activités qui te vident la tête. Si c’est le cas avec le réseaux sociaux , ne change rien. En revange, si tu t’aperçois que ça ne te fait pas du bien, envisage un petit sevrage numérique ?
- Conseil n°8: Œuvrer pour un regain de sérénité. J’écrivais au tout début de cet article que je ne me sens pas sereine actuellement. C’est vrai. Mais, ça m’arrive de plus en plus rarement. Parce que justement, je m’auto-applique ces divers conseils. Même en tant que coach, on ne se réveille pas un matin, bien dans son corps et dans sa tête, zen comme Bouddha. C’est un travail régulier, une construction patiente à laquelle j’ajoute une brique jour après jour. Il faut faire des choix, prioriser. Ouvrir les yeux sur les choses simples. Stopper la boulimie d’avoirs. Il est important aussi d’alterner les temps : on n’a pas toujours la même énergie et il faut pouvoir l’accepter en s’octroyant des temps de pause pour contrebalancer ceux où on est (hyper-)actifs.
- Le conseil n°9 découle du précédent, puisqu’il t’invite à réfléchir à comment changer et travailler à ce changement. On est toujours « l’enviée » ou « l’envieuse » de quelqu’un. C’est normal de ressentir parfois une pointe de « Et moi, et moi, et moi ? ». Là, où ça ne l’est plus, c’est quand ça devient une seconde peau. Comme un perpétuel besoin de reconnaissance, quand tu es tellement dans l’envie que tu n’es plus en mesure de profiter des joies du quotidien, complètement occultées par tes manques. Il peut alors être intéressant de travailler en profondeur avec un psychologue, un thérapeute ou un coach de vie.
Cet article n’a en effet pas pour vocation d’aller chercher l’origine profonde de cette envie malsaine que l’on peut ressentir à l’égard de nos congénères, ni d’évaluer la légitimité du sentiment d’injustice qui l’accompagne.
L’objectif est de partager mes pistes pour apaiser cet acide, qui nous prend parfois comme une envie de pisser, et faire en sorte de diminuer la fréquence et l’intensité des « poussées ».
Cependant, tu es humaine, et donc, ça t’arrivera encore d’envier l’herbes de tes voisins, même si tu sais qu’elle n’est pas plus verte, mais, qu’eux, ils l’arrosent ! ? Pas la peine de t’auto-flageller pour autant !
- Le cas échéant, tu peux te rappeler de mon dernier conseil : l’auto-dérision. C’est le moment de faire un trait d’humour sur ce travers que tu combats pourtant si fort, en lui accordant l’attention qu’il mérite, mais sans en faire un drame. Par exemple :
« J’ai encore fait mon envieuse aujourd’hui. Ca, c’est fait ! Pourtant, je ne le vois pas sur ma to-do list ! »
Pour conclure, il m’aurait été impossible d’aborder L’ENVIE, sans rendre hommage à Johnny Hallyday. Bein oui quoi !: Je nous coache pour s’en débarrasser, alors que lui implorait « Qu’on me donne l’envie ». Faudrait savoir !
Encore une fois, tout est question de dosage, d’équilibre. Un pas après l’autre. Vers le Meilleur. Vers la Vie qui te Va !
Merci pour tes conseils, cela fait du bien de se poser, de les lire, de voir où on en est et d’ajuster notre mental
Merci Isabelle pour ce chouette commentaire♥